Quelle est la valeur juridique des devis ?

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Quelle est la valeur juridique des devis ?

Les devis sont souvent perçus comme de simples estimations préalables à un engagement plus formel. Pourtant, ils possèdent une signification juridique qui dépasse cette simple fonction. En effet, un devis accepté peut parfois se transformer en contrat contraignant pour les parties impliquées.

Nature et valeur juridique du devis

Dans le cadre des relations contractuelles, notamment dans le domaine du commerce et des services, le devis est considéré comme une proposition commerciale décrivant les prestations à effectuer et les prix applicables. C’est un outil de transparence qui permet au client de décider en toute connaissance de cause s’il souhaite poursuivre la transaction ou non. Pour le professionnel, c’est une offre de contrat qui ne sera acceptée que si le client signe le document avec la mention « bon pour accord » ou « bon pour travaux ». Toutefois, il convient de distinguer l’information donnée par le devis et le contenu du contrat qu’il annonce. Loin d’être un contrat à proprement parler, il faut considérer que c’est son acceptation qui crée un engagement mutuel.

En pratique, il sert à définir les termes de la prestation, à savoir la nature des travaux, les délais de réalisation, les prix appliqués et les éventuelles conditions particulières. Il marque l’entrée dans une relation de service en matérialisant la prise de commande et constitue une garantie pour les deux parties : pour le professionnel, il sécurise la prise de commande, pour le client, il garantit un prix et des conditions connues avant l’exécution du service ou des travaux. En somme, c’est un pré-contrat qui est soumis à l’acceptation des deux parties afin d’engager les professionnels du secteur.

Attention toutefois à ne pas confondre devis et autres documents commerciaux comme les factures ou bons de commande : le devis intervient au stade précontractuel alors que les autres interviendront après acceptation. Ainsi, la facture est un document comptable émis a posteriori alors que le devis est précontractuel. Là encore, il faut noter qu’il n’existe pas sur le plan légal de valeur contraignante concernant la facture pro forma. Cette distinction est fondamentale car elle conditionne également la portée juridique du dispositif en cas de litige entre les parties.

 

Quelles sont les mentions obligatoires et conditions de validité du devis ?

Pour être juridiquement valable, le devis doit comporter certaines mentions obligatoires. En France, la réglementation impose que le devis comporte des informations comme le nom et l’adresse de l’entreprise, le nom du client, la date de rédaction, la description détaillée des prestations, le prix unitaire et le prix total ainsi que la durée de validité de l’offre. C’est ce qui assure la transparence et la clarté des termes convenus entre les parties. Il est également très important d’indiquer un délai d’exécution (qui est de 30 jours par défaut si aucun délai n’est précisé) ainsi que la nature des réparations concernant certains secteurs spécifiques : les travaux et le dépannage notamment.

A part cela, le devis doit aussi mentionner les conditions de paiement (éventuels acomptes ou modalités de règlement), afin d’éviter toute ambiguïté. Si vous rédigez correctement votre devis, vous pourrez éviter les conflits en précisant dès le départ toutes les conditions. Si un devis n’est pas signé dans le délai imparti, sachez que votre client n’est plus engagé par les termes de ce dernier.

Enfin, sachez aussi que dans certains secteurs d’activité, il est obligatoire de remettre un devis avant l’exécution de la prestation. Pour les travaux de rénovation ou de dépannage à domicile par exemple, la législation impose depuis 2017 la remise d’un devis gratuit en amont pour tous travaux quel qu’en soit le montant.

Quels sont les engagements et obligations des parties ?

Le devis est un document qui engage les deux parties une fois qu’il a été signé par le client. D’une part, le professionnel s’engage à réaliser les prestations définies dans le devis conformément aux modalités convenues (délais, qualité, etc.). D’autre part, le client s’engage à payer le prix fixé dans le devis. L’acceptation du devis constitue donc un contrat au sens juridique du terme, qui crée des obligations réciproques pour les deux parties. Il faut toutefois garder à l’esprit que, même si le devis est un document contractuel, il présente un degré de sécurité juridique inférieur à celui d’un véritable contrat. Si le client n’a pas signé de devis, il n’est pas engagé par celui-ci. En revanche, une fois qu’il a été signé, le devis engage le professionnel sur les délais et sur la réalisation de la prestation au prix indiqué.

En cas de non-respect des engagements stipulés dans le devis, la responsabilité de l’une ou l’autre des parties pourra être engagée. Par exemple, si c’est le professionnel qui ne respecte pas les délais ou la qualité des prestations prévues au devis, le client pourra demander réparation devant un tribunal compétent. À l’inverse, si c’est le client qui refuse de payer sans justifications légitimes alors qu’il a accepté et signé le devis, c’est cette fois-ci le professionnel qui pourra porter l’affaire devant la justice pour obtenir son dû. Les devis signés constituent donc des preuves écrites qui peuvent s’avérer utiles en cas de conflit entre clients et professionnels. La signature électronique vaut signature manuscrite et permet d’accélérer considérablement la procédure.

Il est également possible d’intégrer certaines clauses au sein du devis pour définir avec encore plus de précision les termes de votre relation contractuelle. On peut citer par exemple les clauses relatives aux pénalités de retard en cas de non-respect des délais convenus ou celles portant sur les garanties fournies ainsi que sur les conditions de résiliation du contrat. L’intégration de ce type de clause permet d’anticiper certains problèmes potentiels et de définir précisément quelles seront les solutions apportées en cas de difficulté. Cela permet également d’assurer une sécurité contractuelle bien plus importante pour les deux parties engagées dans une relation professionnelle. De plus, la loi impose depuis 2016 que certains travaux dont l’estimation du montant total est supérieure à 1 500 euros soient effectués après acceptation d’un devis écrit au préalable.

Ainsi, voici quelques éléments importants à prendre en compte lors de la rédaction d’un bon devis :

  • Le devis doit être détaillé afin d’éviter tout litige par la suite : vous devez indiquer clairement toutes les prestations réalisées ainsi que leur prix (indiqués séparément), leurs modalités (délais), éventuellement les frais liés aux déplacements et aux fournitures nécessaires, etc.
  • Il est conseillé d’inclure toutes les clauses propices à encadrer juridiquement votre relation contractuelle : conditions tarifaires et délai de paiement ; clauses relatives aux pénalités applicables en cas de non-respect des délais ; conditions limitatives liées à l’exécution anticipée ; rappels concernant les travaux supplémentaires ou imprévus, etc.
  • Le bon format du document : Vous devez vous assurer que votre devis est présenté dans un format approprié et que toutes les mentions minimales sont présentes pour qu’il soit valable.
  • La date et la signature du devis relèvent également des mentions obligatoires exigées à tout contrat.

 

Les conséquences et enjeux juridiques des devis

Les devis ont des conséquences juridiques non négligeables, car ils déterminent les droits et obligations de chaque partie. En cas de litige, le devis accepté par les deux parties fait foi des engagements pris, ce qui permet de mieux arbitrer les conflits. D’où l’importance de s’assurer que tout est bien énoncé et compris par chacune des parties avant la signature. La précision du devis l’est d’autant plus en période d’inflation sur les matières, d’où la vérification recommandée des devis afin de ne pas commettre d’erreurs ou d’omettre certains détails.

Certaines adaptations peuvent être nécessaires après la signature du devis. Pour être valides, ces dernières devront faire l’objet d’un accord écrit entre les parties, généralement sous la forme d’un avenant au devis. Celui-ci devra également être signé par chacun des deux contractants pour avoir une valeur juridique, permettant ainsi de garantir que les nouvelles conditions sont acceptées et applicables. Il est possible d’introduire une clause de révision des prix, à condition toutefois que le client soit d’accord, la question du prix étant devenue contraignante une fois le devis accepté.

En somme, la portée juridique du devis ne doit pas être sous-estimée. Elle constitue un socle fondamental à la sécurité des relations commerciales et doit donc être réalisée avec rigueur. Les professionnels doivent prendre conscience de son importance et des conséquences pouvant être tirées sur le plan juridique, tandis que les clients doivent s’assurer qu’ils comprennent pleinement les conditions qui leur sont proposées avant de donner leur accord. En cas d’absence de remise de devis, des sanctions peuvent sanctionner cette omission : 3 000 euros pour un particulier et 15 000 euros pour une société. Un devis peut être payant si vous devez effectuer certaines recherches préalables et il est important de distinguer l’acompte des arrhes : le premier engage fermement les deux parties tandis que le second permet au client de se rétracter mais peut aussi engendrer une perte financière.